Leur premier single avait donné le ton : Arcade Fire intègre de plus en plus de sonorités électroniques. Après 3 efforts plutôt réussis, salués par la critique comme par le public, les Canadiens lancent Reflektor.
En faisant appel aux mecs de LCD Soundsystem pour la production, on pouvait émettre de sérieuses réserves sur les sonorités de l’album : Arcade Fire? Electro?
Messieurs, mesdames (puisqu’on ne peut plus dire « mesdemoiselles » sans être un affreux phallocrate, bande de harpies féministes), vous aviez raison de craindre cette électrocution-là. Kitschisante, elle emplira de joie les trous de balle qui arborent comme signes distinctifs la chemise à carreaux semi-débraillée, les sacs à dos ridicules, la moustache et le bonnet posé sur le crâne tel une kippa. Bref, les hipsters. (Mais la réponse « les clochards » était également acceptée.)
Même s’il faut reconnaitre au premier morceau de l’album un taux d’efficacité redoutable, on en vient à douter de la présence d’esprit de Win Butler au moment de pondre Flashbulb Eyes, une purge de 3mn mi-dub mi-figue mi-raisin (ça fait 3 moitiés, mais c’est moi qui décide.)
Certes clairement inspirés par moments (notamment sur l’efficace Normal Person, ou sur un You Already Know qui peut épisodiquement faire penser au sublime No Cars Go), les Caribous affichent clairement plus leurs influences, à l’image d’un Here Comes The Night Time aux faux airs de Close To Me de The Cure. Ce qui les dessert clairement. Loin de l’influence légitime que peut avoir Robert Smith (musicale pour Win, capillaire pour Régine Chassagne), certains passages laissent songeurs, et on se met à craindre un (pourtant impensable) essouflement créatif.