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Slipknot – We Are Not Your Kind

C’est un des albums les plus attendus de cette fin d’année. Et non, on ne parle pas de Tool mais bien de Slipknot et de leur 6e livrée. Peuvent-ils continuer sur la lancée de l’excellent The Gray Chapter ?

Depuis leur premier album, Slipknot fascine, divise mais fait parler. Un collectif de 9 masqués qui foutent le feu à leurs instruments dans un mélange de nu-metal, heavy metal ou encore groove metal, tu m’étonnes que ça fasse causer dans les chaumières. Une violence musicale portée par la voix rauque de Corey Taylor, un des meilleurs chanteurs de la décennie. Leur popularité s’est un peu effritée en même temps que le Nu-Metal fut passé de mode. S’il était ringard d’être fan de Slipknot il y a quelques années, le groupe revient sur le devant de la scène, et sa popularité est plus grande que jamais.

Bien évidemment, la présence du Knotfest en France, en amont du Hellfest, en est la preuve la plus flagrante. Les gars de l’Iowa sont une force majeure du metal, et maintenant, chaque sortie est attendue par une horde de Maggots.

We Are Not Your Kind. Un titre qui, après écoute, prend deux significations. La première est un message de Slipknot au reste du monde. Ce groupe n’est pas comme les autres. Dans son habillage, son esthétique, sa musique. « Nous ne sommes pas des vôtres ». Un message violent et caractéristique de la musique du groupe, mais qui peut aussi se répertorier aux fans.

La deuxième interprétation, du moins celle que j’imagine, est celle d’un Corey Taylor, qui parle au nom des personnes dépressives, au monde « normal » et « sain ». Car cet album est centré sur un sujet : la dépression de Corey , son combat, les gens plus ou moins aidant. Un thème de plus en plus récurrent dans les albums et les chansons d’artistes. On a du mal à se rendre compte que les musiciens sont tout autant fragiles que nous, et que ces problèmes touchent tout le monde. On a Architects qui n’hésite pas à en parler librement. Paramore aussi sur son dernier album avait abordé ces problèmes qui sont destructeurs.


I do have bouts of severe depression, which are very, very hard to deal with sometimes. But because I’m also an addict, I try to stay away from as much potentially addictive medication as much as possible, because I know me, and I know how I would be. So I’ve really tried to deal with it as naturally as possible, and I know that sounds very hippie-like, but when you know yourself, and you know the habits that you can slip into so easily, you have to find alternatives. … And I also still do therapy.

https://www.rollingstone.com/music/music-features/stone-sours-corey-taylor-on-raw-new-lp-coping-with-depression-200247/

A travers plusieurs titres, Corey Taylor se livre sur ce qu’il a vécu (Unsainted, Birth Of The Cruel, Solway Firth), sur les proches qui l’ont laissé tombé et qui ne l’ont pas aidé dans cette période (A Liar’s Funeral, Not Long For This World). Le symbole de cette période est finalement la toute dernière phrase de l’album, issue de « Solway Firth » :


You want a real smile?
I haven’t smiled in years

Maintenant, si le texte est fort, il faut que la musique suive pour créer un ensemble solide. Fort heureusement, Slipknot n’est pas tombé dans une auto-parodie d’eux même qui aurait été assez décevante. On retrouve des morceaux dignes des premiers albums avec « Red Flag » qui est un concentré de violence brute ou bien « Solway Firth », 2e single dévoilé par le groupe en amont de la sortie de ce We Are Not Your Kind.

On retrouve aussi pas mal de titres qui mélangent la violence des riffs et la voix claire de Corey Taylor. Que ça soit « Unsainted », « Critical Darling » ou bien « Orphan ». Il y a surtout « Nero Forte » qui est mon immense coup de coeur. Entre le riff qui envoie du groove par paquets de 100 et le refrain qui couple la voix claire & le chante hurlé, on a un grand titre qui va vous rester en tête pendant longtemps. On peut aussi noter « A Liar’s Funeral » qui part comme une ballade à la « Snuff » mais qui monte progressivement en tension et en puissance.

Et puis il y a deux titres qui sortent du lot. Tout d’abord « Spiders ». Une ligne de piano qui nous fait penser au thème d’Halloween réalisé par John Carpenter, une ambiance un peu glauque, des guitares en retrait. On est plus proche d’un titre de Nine Inch Nails que du Slipknot, pourtant ça fonctionne très bien.
Deux pistes après, on a « My Pain ». Cette espèce de boîte à musique sordide qui ferait passer n’importe quel film glauque pour une comédie romantique. C’est bizarre, angoissant, mais au final, si proche des valeurs de Slipknot. L’expérimentation est la bienvenue et apporte un vent nouveau à la recette du collectif américain.

Si on peut noter la performance de Corey Taylor comme étant très solide, deux membres sortent facilement du lot. D’abord, Jim Root. Le #4 sort un album monstrueux à la guitare. Les riffs sont saignants, les idées lumineuses. L’autre à se montrer à son aise, c’est Jey Weinberg. Il avait déjà été à la hauteur sur The Gray Chapter, il se montre plus que solide sur ce WANYK et il s’affirme comme une pièce maitresse du groupe. Ses parties de batteries sont puissantes et apportent une agressivité bienvenue.

Slipknot était forcément attendu, du fait de son statut. Les gars de l’Iowa n’ont pas déçus. Leur 6e livrée est une réussite totale, tant dans son conservatisme que dans ses évolutions. De quoi s’affirmer comme une valeur sure de la scène Metal. Ils ne sont pas de notre espèce, et au final, tant mieux.

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