Méconnu en France à part pour les initiés au deathcore, Shadow Of Intent est un combo en provenance du Connecticut qui, avec Melancholy, sort son troisième album. Deux ans après un Reclaimer acclamé par les critiques grâce à sa capacité à sortir du deathcore classique pour chatouiller d’autres sphères, le groupe nous revient encore plus fort avec un album qui est déjà un classique. Peut-être le meilleur album du genre sur cette décennie.
Formé en 2014 par Ben Duerr (chant) et Chris Wiseman (guitare), Shadow Of Intent est à la base un projet à distance de deux mecs fans de Halo et qui décident d’unir leur passion pour la musique extrême à celle des jeux vidéo ! Pour ce nouvel opus le groupe délaisse les morceaux sur le thème du fameux FPS pour nous proposer un concept album qui parle d’une déesse démoniaque qui orchestre un suicide de masse et nous raconte l’histoire d’un homme qui tente de s’échapper de l’au-delà.
En introduction je disais que le groupe est catalogué comme appartenant à la scène deathcore, mais ce serait bien trop réducteur, il est plus intelligent de dire que Shadow Of Intent fait du metal extrême. La force du groupe mais aussi de cet album c’est sa capacité à aller chercher le meilleur de pleins de sous-genres. Si vous aimez le deathcore à la Carnifex alors vous y trouvez votre compte car cet album représente la quintessence du genre, si vous aimez le black metal symphonique à la Dimmu Borgir vous y trouverez votre compte et enfin si vous aimez les orchestrations de Septicflesh et de Therion aussi.
Melancholy s’ouvre sur le titre du même nom avec une magnifique intro qui combine piano et orchestration symphonique avant de nous envoyer en pleine face des blast beats monstrueux. Du côté du chant Ben Duerr fait déjà étalage de tout son talent en alternant différentes techniques presque plus impressionnantes les unes que les autres. Capable de passer du gutural au (presque) pig squeal en passant par du high pitch, le frontman vaut le détour à lui tout seul. Mentions spéciales pour ses prestations sur « Gravesinger » et « Oudenophobia ».
Si vous écoutez du metalcore alors vous connaissez sûrement Currents, le combo americain le plus prometteur du moment, et bien vous ne saviez peut-être pas que c’est le même guitariste derrière ces deux projets. Chris Wiseman est un véritable prodige en terme d’écriture de mélodie, il ne va pas faire saliver les fans de technique mais pour le reste le musicien est tout bonnement époustouflant. Il mérite une statue rien que pour les dix minutes de « The Dreaded Mystic Abyss » car ce titre est le plus fou et le plus épique de l’année, rien de moins.
En continuant sur Wiseman il s’est entouré de Francesco Ferrini, connu pour être le cerveau de Fleshgod Apocalypse, pour les orchestrations et c’est magnifique à entendre. On en prend plein les écoutilles à chaque seconde pendant plus de cinquante minutes, un bonheur. Entre les claviers sur « The Dreader Mystic Abyss » qui rappellent l’époque Theli de Therion, l’orchestration de « Underneath a Sullen Moon » qui fait penser à l’album Communion de Septicflesh ou encore « Embracing Nocturnal Damnation » qui a des relents de l’ère Progenies Of The Great Apocalypse de Dimmu Borgir on se rend compte que Shadow of Intent ne s’est pas inspiré de n’importe qui et ça paye.
Et au final plus j’y pense et plus je suis persuadé que c’est la force du groupe et de l’album, savoir mélanger les genres pour plaire au plus grand nombre. Attention cela ne veut pas dire faire de la musique accessible ou simpliste, pas du tout. Simplement cet album est capable de plaire à l’ensemble des personnes qui s’identifient au metal extrême dans sa globalité et vont puiser leurs écoutes dans des groupes capables de sortir des sentiers battus. La sortie de route sur Melancholy est maitrisée et intentionnelle par un groupe qui sait ce qu’il veut et qui sait comment emmener le public vers la destination choisie.
Vous me trouverez peut-être trop dithyrambique et c’est sans doute vrai, pourtant impossible de ne pas l’être tant cet album cumule tout ce que j’aime dans le metal extrême en évitant les écueils des sous-genres représentés. Melancholy n’est pas linéaire et redondant comme 99% des albums de deathcore, Melancholy n’est pas pompeux et cheap comme la majorité des albums de black symphonique et Melancholy n’est pas une branlette guitaristique ininterrompue comme beaucoup d’albums de death technique. Melancholy est un album parfait, sans aucun défaut à mon sens car il me parle musicalement comme peu d’albums ont réussi à le faire. Messieurs, chapeau bas.