Jamais deux sans trois, dit-on. Après Steven Wilson et Casey, le sujet de ce nouveau Music Monday est Hypno5e, autre artiste synonyme d’absence de gaieté. Le morceau choisi est leur dernier single : Tauca, Pt. II – Nowhere
Si vous ne connaissez pas encore Hypno5e, une phrase, présente dans leur album Shores Of The Abstract Line, peut résumer leur discographie :
« Je ne suis pas un être de joie ».
Le quatuor montpelliérain rechigne en effet à ne serait-ce qu’évoquer une sensation positive dans sa discographie. Et pourtant, leurs œuvres sont belles, bien que tortueuses. Mélangeant plusieurs genres, on peut classer leur musique comme du metal progressif voire expérimental, bien qu’ils aiment se désigner comme jouant du metal cinématique. Et cette appellation n’est pas volée tant leur musique est évocatrice et sait nous transporter vers des paysages sublimes mais souvent lugubres.
« Tauca, Pt. II » est le morceau final de leur nouvel album, A Distant (Dark) Source, qui sort vendredi (le 22/11/19). Cet album concept, seconde partie d’un diptyque, parle du fantôme d’un homme, à la recherche de celui d’une femme qu’il a jadis aimé. L’histoire se déroule une nuit à travers les déserts salés des Andes, restes arides du Lac Tauca. Et au vu de la puissance émotionnelle qui se dégage de ce dernier morceau, l’histoire ne se finit pas en happy-end.
La chanson commence par un des gimmicks du groupe, à savoir une citation littéraire ou extraite d’un film. Et le ton est tout de suite donné :
« Je connaissais le fond de l’abîme […] Il y a diverses façons de se taire / Il y a diverses façons d’être seul «
S’en suit une triste mélodie au piano, chose inhabituelle pour le groupe, sur laquelle le chanteur Emmanuel Jessua vient poser sa voix. On découvre ici l’homme dont l’histoire est contée, étant en plein désespoir. Le morceau évolue doucement, les cordes (là aussi inhabituel pour Hypno5e) prenant de plus de place jusqu’au final.
Et c’est ce final qui sublime Tauca, Pt. II : le morceau explose aux oreilles de l’auditeur, les guitares saturées entrant en scène avec la batterie en blast beat, les violons stridents et déchirants appuyant toute la frustration du héros qui la hurle face au monde. Car en plus de la violence des instruments, c’est bien la désolation et la détresse de la voix d’Emmanuel Jessua qui va vous retourner l’estomac. Tauca, Pt. II se termine presque acapella, les cordes accompagnant en fond le chant. Et ce chant est celui d’un homme qui a tout perdu, sachant qu’il ne reverra jamais l’amour, brisé par le destin. C’est à croire qu’il va se rompre les cordes vocales à crier son désespoir. Les sentiments et sensations qui sont ici évoquées sont définitivement intenses. Ils ont une telle force qu’ils ne peuvent laisser quiconque de marbre, surtout quand on prend en compte l’histoire qu’il y a derrière. Et la tragédie exprimée, bien que déchirante, n’est rendue que plus belle.
Il faut donner au chanteur le respect qui lui est dû pour avoir si bien traduit les sentiments de cette homme au fond de l’abîme. Rien que pour ça, ce morceau mérite votre écoute.