Pour ce premier nombre à 3 chiffres du Music Monday, nous vous avons tous écrit quelques lignes pour vous expliquer comment un morceau précis s’est retrouvé au sommet de notre panthéon sonore. C’est à mon tour pour cette chronique, s’annonçant très personnelle, donc sortez les mouchoirs !
Il arrive que des morceaux vous marquent à vie, de part leur musicalité, les paroles évoquées ou bien le contexte d’écoute, que tous les astres soient réunis pour vous faire rentrer dans une transcendance unique qui place automatiquement certaines chansons comme bande son d’un moment de votre vie.
Il est temps de reparler de Gojira. Plus besoin de présentations, vous le savez tous, c’est l’étoile montante de la scène metal française, la future tête d’affiche des grands festivals… Vous connaissez la chanson. Pourtant, bien que nos landais soient désormais connus de tous, et que sans aucun doute des disques comme From Mars To Sirius ou The Way Of All Flesh fassent partie de vos albums de chevet, dans mon cœur, l’album que je place au sommet de leur discographie est leur sixième opus. Celui qui consacrera Gojira comme valeur sûre de la scène moderne avec un metal atmosphérique des plus accessibles, Magma.
Un album très compliqué pour le quartet, puisque composé et produit alors que la mère de Joe et Mario Duplantier venait de quitter notre monde. Ce qui devait être une suite à l’Enfant Sauvage en termes de sonorités, fut totalement remanié. Le nouvel objectif : rendre un ultime hommage à cette femme, Patricia Rosa, celle qui fit naître dans la fratrie Duplantier cet amour des arts. Certains décrivent cet album comme la fin du death metal progressif de Gojira, au profit d’une production plus atmosphérique de facto plus accesible au grand public, au dam des fans de la première heure. Il n’en demeure pas moins un disque puissant et touchant, remplissant parfaitement la volonté des frères Duplantier, à savoir faire le deuil de leur figure maternelle.
Cet album est entré dans mon pathéon, la faute due à l’ouverture de l’album, « The Shooting Star » synonyme du parfait musical pour mes oreilles. Un cocktail bien dosé d’une production cristalline suivie par une basse ronde, une voix embuée de mysticisme et des guitares explosives avec ce solo en tremolo-picking au milieu de la chanson. Sa conclusion sur un break de fin lancinant nous emmène dans des contrées perdues, là ou se réfugiera le groupe pour parler de la mort et de son acceptation tout le reste de l’album. Cette introduction est la raison pourquoi je place Magma au sommet de mes charts musicaux. Elle regroupe tout les genres que j’apprécie, allant du stoner aux ambiances post-rock, alliant la voix claire et le growl lointain de Joe en ne perdant rien de la puissance du son que Gojira a toujours développé depuis plus de 20 ans.
Pourtant s’il existe aussi bien d’autres morceaux qui allient ces dit styles que j’apprécie, ce qui m’a fait tomber amoureux de « The Shooting Star », ce sont les paroles qui concluent la piste :
Everlasting love is ever-growing
Hang on to what you have and let it grow
Everlasting love is ever-dying
It’s in the past, you have to let it go
Je n’ai pour l’instant pas connu la perte d’un proche fort heureusement, mais pour avoir approché de suffisamment près la mort, j’ai lu les paroles de cet album avec un point de vue très personnel, me remplissant d’une espérance bienvenue. Ce dernier paragraphe de « The Shooting Star » a résonné en moi, pendant que j’affrontais à l’époque une sombre période de dépression. Cette chanson fut ma clé pour sortir de cette pièce froide où tout nos démons se retrouvent. Si vous lisez mes lignes aujourd’hui, c’est simplement grâce à ce paragraphe final, qui m’a fait renaître, moi et mon espoir.
J’ai pris le pari de m’encrer sur la peau la pochette de cet album, afin de répéter que Magma est mon album favori. Quand bien même, avec mes 25 ans au compteur, j’ai encore une odyssée de découvertes musicales devant moi. Mais j’ai la certitude qu’à cette question : « Quel est ton morceau préféré de tout les temps ? », je répondrai toujours sans hésitation « The Shooting Star » de Gojira.