Vendredi, 19h30. On prend sa motivation à deux mains (parce qu’on a une meilleure prise qu’avec une seule), et on se rend à l’Epicerie Moderne, car même si elle est loin d’être la mieux desservie, elle n’en demeure pas moins une des salles lyonnaises qui peut se vanter d’avoir une programmation plus qu’alléchante ! A peine le temps de se saisir d’une bière, et on est accueilli par Tachka (vainqueur du TNT Festival en 2013), qui en présentant son album « Balbutiar » ne tarde pas à montrer pourquoi elle est une des artistes montantes de la scène lyonnaise.
Changement de plateau, changement de godet, et c’est Rover qui prend possession de la scène. Le gars, breton d’origine, débarque perfecto sur le dos, lunettes de soleil sur le t-shirt, et n’est pas sans rappeler cet étudiant du fond de l’amphi resté bloqué dans sa période rock / grunge d’adolescent. Mais dès la première chanson, il démontre une fois de plus qu’on aurait tort de se fier aux apparences, en nous entrainant illico dans son univers de pop loufoque, suave et empreinte de nostalgie.
Après deux extraits de « Let it Glow », son dernier album en date, c’est Champagne, magnifiquement enchainée par Remember et Aqualast qui donne véritablement le cerf… euh pardon, l’élan à cette claque monumentale (rien d’étonnant si on se fie à la carrure du bonhomme) que va être ce concert.
Si la musique de Rover paraît simple, elle ne l’est que d’accès ! Timothée Régnier et ses trois acolytes jouent avec une apparente nonchalance, tout est parfaitement construit, bâti sur les bases d’un basse-batterie impressionnant de solidité. Les rythmiques sont surprenantes mais la frappe toujours juste, idéal pour poser une basse profonde à l’apport mélodique indéniable (certains diront que le combo Rickenbacker / SVT Classic y est pour beaucoup, mais on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il n’est là que pour rendre justice au toucher du bonhomme !).
Le set est complètement immersif, et Rover nous fait prendre plaisir à nager dans ses eaux troubles, nous soumettant même parfois à la tentation de nous y noyer ! Comme pour repêcher un auditoire déjà conquis, il n’hésite pas à le faire rire. Car ce garçon est drôle, très drôle même, et ponctue ses chansons de traits d’humour bien sentis, échangeant avec son public en toute simplicité. Un répit de courte durée, puisque chaque nouveau morceau revient nous happer vers les profondeurs de cette musique abyssale. Il faut dire que Rover habite ses morceaux. Il les hante même, et se voit dans ce sens aidé par le rideau de fond de scène qui, tel un caméléon, adopte la couleur de chacun d’entre eux.
Le set s’enchaine sans fausse note, et les quatre partenaires se permettent même un petit hommage à David Bowie sur Full of Grace, avant de débuter In the End par une intro aux accents électro tout à fait surprenante.
Après un rappel et des remerciements tout en humilité, Rover put libérer (délivrer ?) la scène pour goûter à un repos bien mérité. Mais le public en avait décidé autrement, et malgré les lumières revenues dans la salle, il réussit à faire revenir le chanteur visiblement touché par tant d’éloges. Ce dernier leur offrit alors en guise d’au-revoir une ultime version d’Aqualast seul avec sa guitare ; nouvelle preuve s’il en fallait encore une de sa générosité et de sa spontanéité.
Rover put ensuite quitter les lieux, pour de bon cette fois, emportant avec lui la satisfaction d’avoir prouvé à une audience conquise que la Bretagne était capable de produire autre chose que Matmatah et le Breizh Cola.
Verluizan.