Qu’il ne fait pas bon vieillir. Les exemples sont nombreux et avec la chronique d’aujourd’hui, on rajoute 10 francs dans le nourrain.
Il faut croire que la carrière d’un groupe/artiste est composée de deux voies. Suivre ce qui l’a fait connaître et fait grandir jusqu’au bout ou bien adoucir son propos, le rendre plus radio-friendly, pour connaître une explosion et vendre toujours plus. Je vous l’accorde, c’est très manichéen, pourtant on ne compte plus les exemples de groupes délaissant leurs idées de bases pour un son, un univers, bien plus lisse. Avec souvent une pointe de musique électronique bon marché parce qu’il faut faire danser les gens. Muse, Coldplay, Ed Sheeran, Bring Me The Horizon… La liste peut continuer pendant des heures.
I Want To Live Outside Of All Of This
Enter Shikari. Voilà un groupe reconnu pour son implication politique et ses chansons fortes (Sorry You’re Not A Winner, Destabilise, Arguing With Thermometers, The Paddington Frisk…). Le quatuor de St Albans s’est fait un nom grâce à leur mélange de hardcore et de sonorités électroniques. La marque de fabrique est le chant de Rou Reynolds, alternant entre chant clair et scream. Sauf qu’on arrive en 2017 et que les clips dans des appartements ont fait place à des vidéos avec du budget et des sourires forcés.
Le succès de The Mindsweep, a fait passer Enter Shikari dans un autre niveau. Festivals, grandes salles bondées, le petit groupe Anglais est devenu grand. Le son devenait moins sale, plus maîtrisé. Les chansons perdaient de leur folie et de leur côté Hardcore, sans pour autant se dénaturer totalement. Mais clairement le groupe avait entamé une transition vers quelque chose s’éloignant de leurs débuts. On peut aussi parler de leur projet annexe, Shikari Sound System, qui est une entité faisant des remixes de leurs chansons. La partie électronique étant clairement mise en avant.
I’m Gonna Live Outside Of All Of This
Il est grand temps de parler de The Spark. 11 titres, ou plutôt 9 avec une intro & une conclusion qui font moins d’une minute chacune. Prenez le Coldplay des dernières années, mélangez avec Imagine Dragons et vous avez le nouvel album d’Enter Shikari. Et ce n’est pas un compliment. On attend pendant toute l’écoute qu’il se passe quelque chose. Les chansons sont vides, fades. Les influences hardcore sont au placard, et ne me dites pas que le « scream » dans « Live Outside » compte parce que ça va mal se mettre. D’ailleurs, parlons un peu de Rou Reynolds si vous le voulez bien.
Une des choses fondamentales d’un artiste c’est de permettre aux gens de croire au discours mis en place dans leurs chansons. Pendant longtemps, Rou Reynolds, chanteur/guitariste, incarnait ça parfaitement. Mais depuis quelques mois, l’homme qui dénonce les politiques et le système se retrouve à faire des selfies sur Instagram, à poster des photos de ses chats ou bien de s’afficher avec un nouveau look qui nous ferait nous demander s’il n’a pas acheté un pied-à-terre dans les pentes de la Croix Rousse à Lyon. Le discours du « Révolte, révolution, tous des salauds, le capitalisme c’est mal » est forcément plus difficile à avaler quand on voit ça.
Warning, This Escalates Quickly
On aurait pu parler du plagiat de « Tainted Love » sur « The Revolt Of The Atoms » ou encore de ce morceau niais et popesque (D’aucun diront Coldplayesque) à souhait qu’est « Airfield » mais à quoi bon. Le seul morceau qui mérite d’être sauvé est « Rabble Rouser ». Pour le reste, passez votre chemin. Le seul motif d’espoir c’est de voir ce que donnera The Spark en live. A la manière du dernier QOTSA, peut-être que cet album sonnera mieux en vrai. On sait jamais.