Dans l’épisode précédent, nous étions dans une folk douce et très prenante. Aujourd’hui, sortez votre pento et vos perfectos, on part dans les contrées du doo-wop.
L’artiste :
Derrière ce groupe se cache un homme fantasque et fantastique : Frank Zappa. Résumer la carrière du gazier en quelques lignes ne serait pas lui rendre hommage. Sachez juste qu’entre 66 & 69 il sortira 8 albums. Et 62 en 27 ans de carrière. Ça vous montre l’hyper activité du guitariste. Ne parlons même pas des sorties posthumes sinon, on en a pour 10 ans. On va plutôt se concentrer sur l’un des 2 sortis en 1968, Cruising With Ruben and The Jets qu’il a sorti avec son groupe The Mothers of Invention. A la base, ils se nommaient « The Mothers » mais le label pensait qu’il s’agissait du diminutif de Motherfuckers, ce qui a provoqué le changement.
L’album :
Il sort quelques mois après l’acclamé We’re only in It for the Money, et sa pochette parodiant Sgt Pepper des Beatles. Et ces deux albums montrent bien l’éclectisme de Zappa puisqu’il passe du psych rock & de la musique expérimental au Doo-Wop, style assez marquant des années 50. C’est un concept album qui suit l’histoire de Ruben Sano, ancien chanteur des Jets. A travers les 40 minutes proposées, on va suivre Zappa et ses collègues nous déverser leur sens de la satyre & de la parodie maquillé derrière une musique simplette mais terriblement efficace. Mais on trouvera aussi un hommage à Stravinski, et sa période néo-classique, comme le dit Frank :
« If he could take the forms and clichés of the classical era and pervert them, why not do the same … to doo-wop in the fifties? »
Ce qui au final est une belle représentation de la carrière de notre protagoniste. De la parodie acerbe, des influences diverses, et du fun. Pour le chant, il s’entourera de Ray Collins et son falsetto de qualité. A savoir qu’en 84, Zappa fera une réédition de cet album. Mais les fans se détournent de cette édition, réalisée à la truelle. Heureusement, en 2010, la famille sortira une édition mixant l’édition de 68 & celle de 84. Un bon compromis. On vous conseille de jeter une oreille sur cet album puisqu’il est très facile d’écoute. Mention spéciale à « Deseri », qui reste pas du tout en tête.