Comme on n’a pas pu s’étendre sur tout ce qui était sorti en 2010 lors de notre rétrospective, voici un petit bonus : un morceau tiré d’un EP qui a participé au lancement du djent.
Le djent est un sous-genre du metal progressif dont les bases ont été posées dans les années 2000 (par Meshuggah notamment) et qui a explosé durant la décennie suivante, à tel point que désormais tous les groupes de metalcore utilisent aujourd’hui son signe distinctif. A savoir, un bon gros palm-mute sur une guitare à sept cordes ou plus, d’où le mouvement tire son nom. Et s’il a pu exploser, c’est en partie grâce à deux groupes ayant eu une sortie en 2010 : Periphery avec son album éponyme et TesseracT, quintet anglais, avec son EP Concealing Fate dont est tiré le morceau qui nous intéresse.
Concealing Fate est en réalité un seul morceau de 27 minutes divisé en plusieurs parties, à la manière d’un Catch 33 de (tiens donc !) Meshuggah. Et c’est de la seconde partie dont nous allons parler ici : « Deception », qui n’en est absolument pas une. Le morceau débute avec des leads caractéristiques du djent, sur lesquelles vient se poser une section rythmique lourde à la double pédale, afin que vous puissiez vous échauffer la nuque pour ce qui arrivera plus tard. Le couplet, en riff syncopé, permet à Daniel Tompkins, chanteur à la voix haute et aérienne de démontrer son talent. Les leads en fond posent une ambiance menaçante qui demeure, même quand le morceau revient vers l’intro. La tension monte depuis le début du morceau. Et puis 3:26 (sur la vidéo ci-dessous).
Le breakdown qui survient alors est un des plus vicieux que j’ai entendu dans ma vie. « Brise nuque » ne suffit pas, vous allez y laissez vos vertèbres sur ce coup-là. En concert, c’est encore pire. Le rythme est implacable, le riff destructeur avec son palm-mute et le son écrasant de lourdeur. Et le riff suivant ne changera rien : vous serez toujours en train de tester la résistance de vos os et de vos muscles dorsaux, le tout en étant désorienté par la polyrythmie de l’ensemble.
Une transition bien sentie et « Deception » se calme (temporairement) avec un passage plus « sous-marin ». On a l’impression de se retrouver en train de sombrer vers les profondeurs d’une mer d’émotions. Les vagues grandissent, s’emportent, comme le morceau. Daniel le crie lui-même, « I swear the tide swallows me » (je jurerais que la marée m’emporte / m’avale). Une fois le fond touché, « Deception » se termine avec un autre riff syncopé traditionnel du djent, qui enchaînera avec la troisième partie de Concealing Fate…
Je considère « Concealing Fate Part II – Deception » comme une chanson phare du djent dans la mesure où elle regroupe vraiment tous les éléments du genre, que j’ai pu vous citer au long des paragraphes précédents. Tout l’EP est du même acabit, aussi je vous suggère donc d’y tendre une oreille si vous ne connaissez pas encore le djent. Si c’est déjà le cas, vous aurez écouté un « classique » du genre, et perdu trois vertèbres.