Le monde du Doom est aux antipodes de ce que l’on peut appeler la musique maintsream. Mais aujourd’hui, nous allons plonger dans sa scène underground pour nous intéresser à une formation faisant de plus en plus parler d’elle depuis maintenant quelques mois et ainsi s’éloigner de ce qui constitue la majorité musicale globalement écoutée.
Vile Creature est un duo en activité depuis peu. Leurs premiers faits d’armes discographiques datent d’il y a maintenant quatre années. Partisans d’un Doom expérimental teinté d’influences tout droit venues du Black Metal, Kyle William Campol et Vic, les deux protagonistes du projet, ont en juin dernier sorti leur troisième album studio : Glory, Glory ! Apathy Took Helm ! Il va sans dire que la recette proposée dans ce nouvel opus est assez classique dans le Doom. Des morceaux demeurant plus longs qu’un format classique, lourds et avec un chant d’une intensité viscérale. Le côté Black se fait surtout ressentir dans les lignes de chant, très criardes et très caractéristiques du genre.
Malgré l’évidente brutalité de leur musique, Vile Creature s’aventure par moments dans des apartés plus atmosphériques et planantes. Le sinueux pont du morceau d’ouverture « Harbinger of Nothing » en est un exemple très pertinent. Pour les deux acteurs du projet, l’efficacité est d’une importance capitale. En effet, l’une des grandes qualités de ce disque est d’être doté d’un sens du rythme très maîtrisé et géré. Ayant une première face ne comportant que deux morceaux, les canadiens vont s’atteler à y insérer une musique lancinante mais extrêmement lourde, avec une ambiance presque malsaine et inquiétante. De plus, ces derniers dépassent tous deux les dix minutes, montrant bien le travail apporté à l’atmosphère de l’album.
Durant cette première partie, le groupe va prendre son temps afin de dérouler sa musique, avec des compositions déstructurées flirtant même parfois avec le chaos. Après la fin de « When The Path Is Unclear », clôturant cette première moitié, Kyle William Campol nous prend à part en nous demandant de tourner le disque, pour ainsi accéder à la face B. La seconde part de l’album nous montre une facette légèrement différente du groupe, ce dernier s’y montre plus concis et direct.
A la vue de la tracklist du disque, on pourrait penser qu’il est composé de cinq morceaux, mais en réalité ce n’est pas exactement le cas. En effet, les deux derniers titres de cet album ne forment qu’un seul, constituant le morceau éponyme « Glory, Glory ! Apathy Took Helm ! ». Cette première moitié est par ailleurs une véritable parenthèse au vu de la direction globale de ce nouvel opus. Avec ses nappes de claviers, ses chœurs et ses guitares complétement vidés de toute distorsion le but est très clair : faire une pause avant le chaos sonore qui clôturera le voyage.
Cette face B nous est introduite par le tribal « You Who Has Never Slept », étant le morceau le plus long de cette seconde moitié. Ce dernier nous montre déjà une musique plus directe mais tout aussi brutale et bestiale. L’ambiance y reste toujours très lourde et pesante. Cependant, les parties vocales parlées rajoutent une ambiance mystique, voire religieuse, comme si l’on était témoin d’une incantation au sommet d’une montagne. Ceci dit, il est intéressant de constater la double fonction de la pièce « Glory, Glory ! ». En plus de marquer une vraie césure stylistique, il permet d’introduire sa suite : « Apathy Took Helm ! ».
Cette pause est de plus bienvenue du fait de la recherche d’efficacité du groupe. En effet, faire une petite parenthèse calme et atmosphérique permet un vrai regain de violence très brutal pour clôturer sur un dernier voyage vers les enfers, constituant alors un final marquant voire épic. Cette impression est accentuée par le fait que les deux parties se suivent sans aucune coupure. Ce qui nous confirme qu’ils ne composent qu’un seul et même morceau restant toutefois très antithétique dans sa structure et ses ambiances. Opter pour cette technique est très intelligent. En plus d’éviter à l’auditeur une fatigue ou une lassitude lorsque s’approche la fin, l’efficacité et l’impact de « Apathy Took Helm ! » en sont décuplées. Cela permet donc de terminer le disque sur une impression de claque, comme si l’on venait de se faire écraser sauf qu’ici une seule chose nous fait envie : recommencer.