Dès lors la sortie d’Impulse Voices annoncée, Plini Roessler-Holgate était attendu au tournant, quatre années après sa première pièce longue durée, intitulée Handmade Cities. Malgré ce laps de temps, le guitariste originaire de Sydney n’a pas été inactif, loin de là. Entre de nombreux EP’s, singles et tournées, cet artiste est resté dans l’actualité musicale durant ces derniers mois. Cependant, ce nouveau disque représente une véritable opportunité de confirmer tout son génie. Voyons-donc si cela est le cas, ou non.
Tout d’abord, il est bon de noter, comme fait au sein du Music Monday n°101 à propos du single «I’ll Tell You Someday», que Plini ne nous invite pas en terre inconnue. C’est en vérité le cas pour l’entièreté du disque. Impulse Voices nous emmène dans un monde à l’ambiance très gaie, orné de mélodies envoutantes et réconfortantes. Malgré cette couleur très chaude et douillette, l’album reste tout de même une pièce de rock progressif instrumental techniquement et métriquement très complexe. La section rythmique composée de Chris Allison derrière les fûts et de Simon Grove à la basse compose une fondation brillante, permettant au protagoniste principal du projet de s’exprimer librement et de manière très créative.
Comme à l’accoutumée, la musique de Plini Roessler-Holgate flirte très régulièrement avec le jazz. Sur ce point, Impulse Voices se trouve être dans la continuité totale des dernières parutions du guitariste. En effet, l’EP Sunhead sorti il y a maintenant deux ans avait déjà un peu plus emmené le projet dans cette direction malgré l’influence déjà présente auparavant. Le second single sorti pour promouvoir ce nouvel album, à savoir «Papelilo» montre le gain d’importance croissant de ces inspirations. Le jeu de batterie de Simon Grove illustre à lui seul ce fait, utilisant des techniques toutes droits tirées du genre.
De plus, les compositions extraites de l’esprit du guitariste australien ne sont pas tentées d’être dans la démonstration technique permanente. Certes, Impulse Voices contient des passages très impressionnants de par la maîtrise instrumentale des musiciens présents, mais cela n’est pas inséré de manière aléatoire. Les morceaux de ce nouveau disque ont une véritable atmosphère, et les courts instants démonstratifs sont placés très subtilement et intelligemment. Ceci permet une vraie compréhension de la musique de Plini ainsi que de ne pas se retrouver submergé d’altérations mélodiques abracadabrantesques et bien trop lourdes.
Au sein de ce second album, le musicien Sydnéen continue d’inviter quelques-uns de ses comparses mélomanes afin d’un peu plus embellir les compositions de ce dernier. On peut alors retrouver la harpiste Amy Turk sur la longue fresque de neuf minutes «The Glass Bead Game» y réalisant un solo rajoutant un peu de plus d’ariettes gaies et douces au disque. On note également la présence de John Waugh intervenant sur le morceau «Pan» sur lequel il exécute un solo de saxophone. Sont aussi présents Devesh Dayal ainsi que Aleksandra Djelmash qui viennent prêter leurs voix sur ce même titre ainsi que sur «I’ll Tell You Someday» ou bien encore la pièce de clôture. Concernant cette sonorité bien particulière entretenue sur Impulse Voices, outre l’importance du jeu de guitare de Plini, la présence des parties de claviers interprétées par Dave Mackay est primordiale tant elle amplifie la portée mélodique des compositions.
Malgré la prépondérance de morceaux orientés vers le rock progressif, le musicien australien ne délaisse pas ses racines et nous propose des titres avec un fort penchant pour le metal. Des compositions comme «Pan» ou «Impulse Voices» illustrent bien cette tendance. Par ailleurs, la présence moins fréquente de ce genre de sonorités accentue leur efficacité lors de leurs immiscions au sein du disque. Ces derniers sont appuyés par une section rythmique toujours très présente qui vient un peu plus alourdir ces apartés.
Nonobstant l’indépendance économique de Plini, du fait d’une autoproduction effective depuis le début de sa carrière, le mixage ainsi que le mastering restent tout de même d’excellente qualité. Ces derniers révèlent au fil des multiples écoutes certaines subtilités qui rendent ce disque d’autant plus intéressant et réussi. De plus, le contenu proposé dans ce nouvel album est très diversifié et nuancé, tout en restant dans le style du guitariste australien. Conséquemment, aucune lassitude ne se fait ressentir. Étant également très clair et concis, Impulse Voices ne perd pas l’auditeur. En le laissant respirer de la sorte, ce nouvel opus laisse transparaître un sens du rythme fort bien aiguisé.
Malgré une influence déjà perceptible posée depuis plusieurs années sur la scène musicale progressive, le guitariste australien continue de créer son propre monde, petit à petit. A travers ce nouvel album, le sydnéen nous offre une énième preuve de son talent. Avec un univers aussi marqué et reconnaissable que le sien, ce dernier a déjà laissé une trace indélébile au sein de la communauté progressiste. Impulse Voices est une vraie marque de maturité et de régularité. Venant de la part d’un musicien étant une véritable référence progressive et en complète maîtrise de son art. Grâce à ce second disque, Plini confirme son statut de tête d’affiche du rock progressif instrumental tout en affirmant sa pâte et son style et montre qu’après toutes ses années, sa réputation est en aucun cas mensongère.