Code Orange est depuis maintenant quelques années une formation grandissant très rapidement. En effet, leur premier album sorti sous le titan Roadrunner Records peut être comparé à un coup de pied dans la fourmilière. Ce dernier a fait exploser le groupe pennsylvanien et a participé à sa très sérieuse crédibilité naissante. Cependant, le successeur de cette pièce intitulé Underneath en 2020 était vivement attendu au tournant.
Le précédent opus du quintette originaire de Pittsburgh : Forever a marqué le monde du Hardcore lors de sa parution. Sorti au tout début de l’année 2017, ce dernier a fait exploser feu-Code Orange Kids et a conforté la maison de disque Roadrunner Records dans son choix de les enrôler. Ce cheminement de pensée a même poussé le label à donner une totale liberté créative au collectif américain. Après une telle explosion médiatique, le groupe s’est mis en route pour faire la tournée des festivals et s’est finalement hâté à la composition de nouvelles pièces. Ces dernières ont par ailleurs tellement emporté Code Orange, qu’elles ont directement causé l’annulation de tournées afin de se consacrer pleinement à un nouveau disque.
Annoncé au tout début de la nouvelle année et même évoqué lors du Music Monday n°74 de Maxallica, Underneath sort en Mars alors que le monde entier commençait à se confiner. Il s’avère que ce dernier pousse encore plus loin l’univers déjà bien marqué de Code Orange en expérimentant d’avantage avec la programmation. Ces essais permettent d’apporter un côté bruitiste rendant encore plus complexe la musique du collectif. De plus, le mélange des genres se fait une nouvelle fois très présent et palpable. On peut entre-autre y retrouver des influences Nine Inch Nails très marquées, mais aussi des sonorités Punk-Hardcore, Industrielles voire même l’insertion d’un son plus calé et adapté à la diffusion radiophonique.
En effet, c’est l’une des caractéristiques et nouveautés majeures dans ce disque, la musique de Code Orange est toujours aussi brutale, mais également plus calme et mélodique. Ces influences se retrouvent notamment sur des titres comme « Who I Am », « Sulfur Surrounding » ou encore « Autumn and Carbine ». Ce mélange de genres, en plus d’être effectué de manière très naturelle est aussi vecteur d’une certaine fraîcheur dans la musique du groupe. En effet, là ou Forever était très brutal tout en ayant quelques apartés plus apaisées, ici Underneath pousse la démarche au bout. Le premier single « Underneath » est d’ailleurs un exemple très cohérent qui noue avec l’une des grandes inspirations des pennsylvaniens : Nine Inch Nails. Effectivement cette dernière est très marquée au sein du disque notamment à travers les effets de programmation très travaillés et soignés participant grandement à l’ambiance de cette quatrième pièce discographique.
Autre changement important, Jami Morgan, initialement batteur ainsi que chanteur a décidé d’abandonner sa place derrière les fûts pour se concentrer sur ses performances vocales. Ce choix a par conséquent provoqué l’intégration du nouveau percussionniste Ethan Young qui n’a cependant pas participé à l’enregistrement. Cette décision marque la volonté d’évolution du quintette qui préfère alors agrandir son line-up pour aller vers une propreté d’exécution plus poussée. Ce développement se fait aussi remarquer de par l’apparition de bruits blancs enregistrés et samplés par Reba Meyers, l’une des deux guitaristes de Code Orange. Ces derniers ont par ailleurs forcé la musicienne à revoir son jeu de guitare afin d’y intégrer ses éléments bruitistes. Néanmoins, cette démarche a grandement été facilitée par l’élaboration d’un modèle signature adapté chez la marque ESP.
En plus d’être épaulé par Nick Raskulinecz et Will Yip lors de l’enregistrement, l’élaboration d’Underneath était indirectement supervisée par Greg Pusciato, ancien frontman de Dilinger Escape Plan. Ce dernier étant un ami du groupe et considéré comme un mentor était régulièrement sollicité afin de donner des avis et idées extérieures. Cette influence est par ailleurs très palpable au sein du disque et de la musique de Code Orange plus globalement. Notamment lors des passages structurellement très décomposés avec un nombre important de souffles très succins et la présence de rythmiques impaires, apportant beaucoup de complexité aux morceaux.
De plus, malgré une importante présence sur les précédents travaux du groupe, ici Reba Meyers est plus témoin notamment sur les parties de chant. Sa voix se retrouve très mise en avant sur plusieurs morceaux comme par exemple sur le single « Underneath ». Cette évolution montre aussi un penchant pour une musique par apartés plus calmes avec le timbre vocale atypique de la guitariste y collant parfaitement. Cette dernière officie également sur les parties plus directes et brutales mais seulement à travers les chœurs. Ce quatrième album suit la ligne prise par le précédent disque Forever mais en faisant évoluer l’art du collectif. Ce dernier donne l’impression d’aller jusqu’au bout de ses idées et de ses envies.
Avec une direction artistique très sûrement engagée et d’une manière on ne peut plus réussie, le collectif américain signe un nouveau succès musical. Ce triomphe sera d’autant plus marqué par l’incroyable succès critique de ce dernier. Underneath constitue une suite logique au disque précédentForever qui en prend directement la suite. Code Orange confirme à travers ce nouveau disque son statut de très grand espoir de la scène metal au sens général. Le plan de carrière du groupe semble être tout tracé, ce dernier étant visiblement amené à devenir l’une des prochaines très grosse tête d’affiche du monde des musiques extrêmes.