Voilà, c’est fini. Jean-Louis Aubert l’a chanté, Samsara Blues Experiment l’a annoncé. Après 13 années de bons et loyaux services, les Allemands tirent leur révérence après une carrière à la discographie réussie. Dans notre malheur, le trio nous laisse en guise de cadeau d’adieu, un dernier disque, une dernière danse.
L’Allemagne est une belle terre en ce qui concerne le Stoner. Si Kadavar est une belle locomotive, on peut saluer My Sleeping Karma ou encore Colour Haze comme autres noms de cette belle scène foisonnante. Parmi cette avalanche de noms, un trio a su pendant la dernière décennie constituer une belle fanbase autour d’eux : Samsara Blues Experiment.
Il faut dire que la discographie des Allemands est un sans faute avec notamment un excellent One With The Universe sorti en 2017. Sauf que la vie d’un groupe n’est pas rectiligne et qu’il est arrivé ce que redoute chaque fan. Suite à un message sur leur page Facebook, SBE a annoncé l’arrêt de leurs activités, non sans nous offrir comme cadeau d’adieu un dernier disque. Une sorte de petit pansement sur une plaie assez grande. Nous voilà donc en ce début d’année 2021 avec End Of Forever, cinquième et donc dernière galette du trio. Plongeons donc dans les 6 pistes avec tristesse mais impatience.
44 minutes au cours desquelles on va retrouver la base de Blues rock servant à cette scène de revival 70’s porté notamment par Graveyard. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver des passages qui font penser au combo Suédois dans les pistes de Samsara (« Massive Passive », « Southern Sunset). Les riffs sont efficaces et toujours dans un groove percutant, bien aidés par une section rythmique au poil. Mention spéciale au bassiste Hans Eiselt qui régale sur chacun des titres de l’album. Toutes ses lignes sont d’une douceur et d’un groove magistral.
Mais ce qui fait la différence avec Graveyard, c’est la propension qu’ont les membres de SBE à nous faire voyager très loin. A la limite du jam improvisé, les titres s’enchaînent sans aucune peine et nous font presque atteindre le Nirvana. On est même frustré quand arrive la fin du disque tant la chanson « Orchid Annie », pourtant longue de 8 minutes, s’arrête brusquement alors qu’on aurait clairement pu en avoir pour le double. C’est une des forces des Allemands : nous faire encaisser des pistes longues sans qu’on s’en rende compte. Leur talent de composition est clairement au-dessus du lot.
Ce qui aide aussi à se démarquer, c’est le coté « experiment ». Cet album comporte quelques passages un peu sortant de l’ordinaire. On pourra citer l’intro/outro de « Souther Sunset » qu’un certain Santana n’aurait pas renié ou bien l’usage multiple de claviers disséminés tout au long de l’album. Créant une ambiance un peu SF comme sur « Lovage Leaves » ou bien insistant sur des sonorités plus orientales sur la piste « End Of Forever ».
Le mélange crée donc un album fortement réussi qui s’apparente à une magnifique lettre d’adieu mais aussi un fort goût de regret. On aurait clairement aimé en avoir plus de leur part, mais on ne peut que respecter leur choix de s’arrêter, en espérant que leur nouvelle vie soit fructueuse. On leur souhaite d’atteindre le Nirvana, maintenant qu’ils se sont libérés du Samsara.