John Carpenter est une légende vivante. Les années 70’s et 80’s furent le terrain de jeu de son cinéma aujourd’hui devenu incontournable et culte. En plus d’être l’un des cinéastes les plus talentueux de sa génération, le new-yorkais est également un musicien au sens de la mélodie imparable. Ce dernier est si doué qu’il composera la grande majorité des bandes-originales de ses propres long-métrages.
Malgré le fait que l’activité musicale du génie américain soit souvent rangée parmi les musiques de films, Big John a bel et bien pris la décision de diversifier ses activités de mélomane. S’associant avec son fils Cody ainsi qu’avec son filleul Daniel Davies, l’artiste touche à tout ouvre sa discographie en 2015 en sortant son premier album : Lost Themes, suivi un an plus tard par Lost Themes II.
Le style de John Carpenter reste tout de même très proche du genre de la bande-originale après le changement de direction pris par ce dernier. Son nouvel et troisième opus de Lost Themes, intitulé Alive After Death perpétue cette observation, tant on pourrait s’imaginer regarder l’un des nombreux métrages de sa filmographie à l’écoute de ce disque. Encore et toujours armé de ses claviers, qu’il utilisait déjà en 1978 afin de composer le culte thème d’Halloween et sa fameuse signature rythmique en 5/4.
Bien évidemment, le style du père du légendaire The Thing reste reconnaissable entre mille, tant le grain de son son et la froideur de ses productions se démarquent. Cependant, ici quid des retours sur des morceaux paraissant au sein de la bande-originale de l’un de ses films. Lost Themes III se compose uniquement de morceaux inédits écrits en compagnie de Cody Carpenter et Daniel Davies. Tout comme les précédents volets de ses thèmes égarés. Restant très proche de l’ambiance générale se dégageant des travaux de l’artiste américain.
Lost Themes III : Alive After Death s’ouvre sur l’un de ses singles, son titre éponyme. L’empreinte artistique de John Carpenter est de suite reconnaissable, majoritairement orchestrée par les claviers chers au cœur de Big John, froids et austères. Un solo de guitare vient même s’immiscer à la fin de ce dernier. Malgré que ce ne soit pas une bande-originale de l’un des long-métrages du cinéaste, lui qui a pris sa retraite en 2011 après son film The Ward, l’ambiance se prête à l’imagination. On peut très bien visualiser ces morceaux comme faisant partie intégrante d’une œuvre projetée sur grand écran, avec tout vocabulaire stylistique que l’on reconnaît à son univers.
Nous avons ici à faire un disque transpirant l’ADN artistique de John Carpenter. Grandiloquent, rigide et froid de par l’utilisation constante des claviers mais aussi planant. Armé de mélodies souvent placées hautes dans les aigües ainsi qu’une basse très grave et profonde. L’atmosphère est primordiale dans un tel recueil, tant elle doit être mise en avant. Cette dernière est ici très travaillée, placée au premier plan. La jeune discographie du réalisateur multi-talents apparaît comme une renaissance, lui qui avait été progressivement vivement lassé et meurtri par le fonctionnement du cinéma hollywoodien.
Ce projet musical apparaît également, sous certains airs, avec un visage de passage de main entre deux générations. La collaboration avec son fils Cody Carpenter et son filleul Daniel Davies constitue une part indéniable de la fraîcheur des compositions. Étant l’un des pères spirituels de la musique électronique, le géniteur de la trilogie de l’Apocalypse ne propose pas pour autant une version recyclée et sans intérêt de son art. L’intervention de ses deux collaborateurs amène beaucoup de modernité à une musique qui fut par énormément d’aspects très novatrice et avant-gardiste. Notamment de par la présence régulière de la guitare, présent lros de nombreux passages. On ressent une véritable alchimie entre les trois acteurs du trio, une connexion artistique très forte. Il va sans dire que cette équipe est bien rôdée, grâce à projet mais aussi notamment grâce à leur implication dans la partie musicale du reboot d’Halloween en 2018.
Ce renouveau passe par l’apparition de guitares électriques interprétées par Daniel Davies, tandis que Cody Carpenter marche sur les traces dorées de son père, derrière son clavier. On sent que la naissance de ce projet à la symbolique très évocatrice a donné un regain de créativité au cinéaste qui malgré l’âge, continue encore et encore de nous proposer des projets excitants et intrigants. Du haut de ses 73 bougies, Big John comme les fans aiment tant le surnommer, ne faiblit pas et montre que l’air du temps ne lui tourne pas le dos, mais est bien en face de lui.
Lost Themes III : Alive After Death constitue une œuvre venant confirmer la grande cohérence musicale se faisant ressentir depuis les débuts discographiques du cinéaste. Ce troisième volet vient ici constituer la bande-son d’un imaginaire influencé par l’immense monument cinématographique de son géniteur principal. L’harmonie et la grande maturité de cet album n’est en aucun cas à remettre en cause. Très fluide, ce troisième chapitre des Lost Themes demeure être une pièce passant à une vitesse folle. Les 40 minutes au compteur ne se font pas ressentir tant le tout est constant, se finissant sur “Carpathian Darkness”, un morceau doux, ambiant, porté par un piano très calme. Ce nouveau disque paraît comme le commencement d’un passage de flambeau progressif avec Cody Carpenter et Daniel Davies. Représentant la nouvelle génération qui finira par succéder à celle de Big John. Car après tout, quoi de mieux que ses aînés pour rester en vie après sa mort, et faire perdurer son héritage artistique.