On continue notre série d’article consacrée à nos albums préférés de la décennie qui vient de s’écouler. En toute logique, on passe à 2014.
L’album de Maxallica : In This Moment – Black Widow
Fan de la première heure des américains d’In This Moment, depuis la sortie en 2007 de Beautiful Tragedy, j’étais heureux de voir que le groupe commençait à avoir du succès commercial avec la sortie de Blood en 2012. Toujours écrit et composé en grande majorité par le duo Maria Brink (chant) – Chris Howorth (guitare), Black Widow voit le jour en 2014 sous Atlantic Records avec comme premier single « Sick Like Me ». Quelle claque dès le premier morceau qui me montrait tout ce que j’aime chez In This Moment : un mix entre heavy metal et metalcore musicalement, la voix presque susurré de Maria Brink sur les couplets et les cris de la frontwoman sur certaines parties.
Même si je garderai toujours un attachement particulier à la triplette des années Beautiful Tragedy – The Dream – A Star-Crossed Wasteland, il est clair que Black Widow est le meilleur album de la carrière du combo en terme de mélodies, de compositions et de tubes. Entre « Sex Metal Barbie », « Big Bad Wolf » ou « Natural Born Sinner », difficile de faire plus catchy que les refrains que proposent In This Moment sur cet opus.
Si le groupe s’est un peu perdu avec son successeur Ritual en 2017 tout comme cela semble être le cas de Mother qui sort dans quelques semaines, j’ai tellement écouté cet album en 2014 que sa place de numéro un n’est absolument pas usurpé !
L’album de Drey Talquor : Foo Fighters – Sonic Highways
Pour ce millésime, parlons un peu d’un album mal aimé du public. Plus besoin de vous présenter les Foo Fighters je pense. La bande de Dave Grohl continue toujours sur sa lancée et confirme depuis maintenant 25 ans que c’est le meilleur groupe de rock actuel. Pourtant la donne a bien faillit changé en 2014, là où ils ont sorti un album que beaucoup considère comme plus faible. Moins inspiré, moins abrasif, Sonic Highways n’a pas plu.
Et bien laissez moi vous dire que c’est mon opus préféré de la formation de Seattle. L’album est construit autour d’un concept simple, chaque chanson fut enregistré dans un studio mythique différent. L’album sert en quelque sorte de roadtrip aux musiciens pour expérimenter de nouvelles mélopées en rendant hommage à la ville où ils se sont installés pour l’enregistrement. Chaque chanson servant de preuve à leur passage dans ces lieux, où ils ont pu parler avec ses locaux pour trouver le thème de chaque mélodie. Ainsi donc on retrouve une ode à Chicago dès l’introduction avec « Something From Nothing », « Congregation » est une lettre d’amour pour Nashville et ses habitants. « What Did I Do?/God As My Witness » enregistré à Austin comporte un invité prestigieux en la personne de Gary Clark Jr., le renouveau du blues actuel. La lancinante « Outside » fut composée au Rancho de la Luna de Josh Homme (encore lui). Pour finir l’album, nous nous rendons à New York pour cette magnifique power ballade qu’est « I Am A River ». De loin mon morceau préféré de tout ce qu’a composé le groupe.
L’album est en soit plus harmonique dans son approche, chose que beaucoup on pu lui reprocher après la déferlante qu’était Wasting Light. Sonic Highways est plus intimiste, une véritable aventure humaine qui m’a accompagné quand j’ai moi même voyagé en Amérique du Nord durant l’été 2015. C’est cet album qui sert pour moi de consécration à tout les travaux établis par le groupe. Un concept album humaniste, une ode au voyage. C’était même la volonté de départ de Dave Grohl de composer un album qui échappera au grandiose des tournées mondiales.
C’est pour moi un album important dans la carrière des Foo Fighters, qui prouve une fois de plus leur talent, et même si certains (et je vous donne raison) préfereront le côté direct de Wasting Light ou de l’extraordinaire Concrete And Gold de 2017. Sonic Highways est un album qu’il faut réécouter pour en tirer toute sa substance, et qui me fait le mettre sur le podium de 2014, devant les Clearing The Path To Ascend de Yob ou les Once More ‘Round The Sun de Mastodon.
L’album de Tolol : Pallbearer – Foundations Of Burden
Et non, toujours pas de Mastodon dans mon top. Je sais, vous êtes surpris. Mais il faut dire que la concurrence était au rendez-vous pour cette année. Empress Rising de Monolord ou encore The Gray Chapter de Slipknot étaient des adversaires redoutables. Cependant c’est la scène doom Américaine qui l’emporte avec ce qui fut l’une des plus grosses gifles de la dernière décennie.
En 2014, je pensais naïvement que le Doom s’arrêtait à des riffs lents et un chant presque crié pour coller avec une ambiance poisseuse et dépressive. Mais Pallbearer a débarqué pour me montrer la lumière. Une voix aérienne, des riffs lourds mais finalement peu pesant, 40 bonnes idées à la minute et un album qui comptera parmi mes favoris de toute la décade passée. Foundation of Burden est un chef d’œuvre qu’il vous faut écouter en boucle. J’en avais d’ailleurs (mal) parlé sur le site à sa sortie, si jamais ça vous amuse de relire cette chronique.
D’ailleurs, son successeur Heartless continuera d’emprunter des chemins de moins en moins sombres pour quelque chose de plus progressif et lumineux. Il n’empêche que le quatuor est une valeur sure de la scène doom qui manque à mon tableau de chasse des groupes vus en live. Alors il serait appréciable qu’ils sortent de leur Arkansas pour venir en France. S’il vous plait.
L’album de Matt Rouq : The Amity Affliction – Let The Ocean Take Me
Je vais être honnête : 2014 est loin d’avoir été l’année la plus remplie en sorties marquantes pour moi. Ces 365 jours m’ont offert le correct Unconditionnal de Memphis May Fire, le très sympathique premier album de Slaves, projet emmené par Jonny Craig, Through Art We Are All Equals. Je me suis aussi trouvé deux albums « plaisir coupable », avec Savages de Breathe Carolina et The Bad & The Better de The Ready Set. Mais c’est à peu près tout.
Sauf qu’au début de l’été, au temps du soleil et des petits culs sur la plage, The Amity Affliction a eu l’excellente idée de sortir son quatrième album, Let The Ocean Take Me. Une livraison qui ne déroge absolument pas aux habitudes des Australiens. La galette parle de dépression, de pensées suicidaires, de mal-être et parfois, dans un élan de fantaisie, d’alcoolisme lié à la dépression. On est donc parfaitement dans l’ambiance estivale. Plus sérieusement, Let The Ocean Take Me est peut-être le meilleur album en date de The Amity Affliction.
Du metalcore on ne peut plus générique certes, mais c’est sur cette galette que les textes sont les plus consistants, que les musiciens sont les plus inspirés, que les voix sont les mieux exploitées. Je pense notamment à « Pittsburgh », « The Weigh Down » et « Death’s Hand », trois titres puissants au possible. Cerise sur le gâteau, le quintet sortira deux titres bonus d’excellente facture : « Skeletons » et « Farewell ». De quoi offrir une seconde vie à un album déjà bien abouti.
L’album de Play To Die : Animals As Leaders – The Joy Of Motion
Comparée à 2013, j’ai trouvé 2014 relativement faible en terme de sorties, même si Perturbator, The Contortionnist, The Algorithm, Voyager et King Gizzard And The Lizard Wizard sortaient de très bon albums. Mais après un Weightless décevant en 2011, Animals As Leaders est revenu avec un excellent album : The Joy Of Motion.
L’album en partie coécrit avec Misha Mansoor de Periphery et Diego Farias (récemment décédé) de Volumes va mélanger djent, jazz et samples électroniques avec brio. Le voyage proposé sera entre grosses mandales, mélodies humant le calme et ambiances positives. Le tout en faisant preuve d’une technicité incroyable parce qu’on parle de Tosin Abasi, Javier Reyes et Matt Garstka tout de même. Les polyrythmes, polymètres, guitares 8 cordes slappées et autre tappings vertigineux sont toujours présent, ne vous inquiétez pas. Mais contrairement à certains morceaux sortis par le groupe auparavant, sur The Joy Of Motion toute cette virtuosité est secondaire, derrière l’émotion et l’élégance. On apprécie d’abord la beauté des mélodies, la puissance des riffs, le calme des pauses avant de remarquer que les fondations sont gratinées comme peu de groupes savent le faire. Car c’est ce que j’ai aimé en premier : le bend tellement jouissif du premier solo de « Ka$cade », la lourdeur du riff à la fin de « Air Chrysalis », la mélodie si belle de « Physical Education » ou encore ce moment éternellement suspendu dans « Mind-Spun », après avoir passé trois minutes à se faire ramasser la tronche. Ce n’est qu’après que j’ai aperçu la montagne technique qu’est cet album (« The Woven Web » par exemple).
C’est comme ça que je vous conseille d’aborder The Joy Of Motion : appréciez les morceaux, regardez là où ils vous emmènent et les étapes où vous passez, parfois furtivement. Puis penchez vous sur ce qu’il y a derrière, comment les chansons sont construites, l’art des musiciens ayant façonné l’album.