Coucou toi qui bois ta bière tout seul au fond du pub. Tu es un peu tristounet parce que tu as demandé à l’irlandais qui remplit les chopes de te mettre un morceau des Doors et qu’après ça, un petit Electric Ladyland n’aurait pas démérité pour finir la soirée ? Oui mais voilà, tu t’es fait refouler cordialement ; « Piss Off » même avec le sourire, c’est un peu fort tout de même !
Qu’à cela ne tienne ! Il existe en 2014 un groupe pour les nostalgiques dans ton genre. Et ce n’est pas un alcoolique à la mâchoire décrochée qui te fera croire le contraire. Et oui ! Ca s’appelle Little Barrie et ça vient tout droit de Nottingham !
Le trio a sorti le disque Shadow en mai dernier : un gros concentré de blues rock incandescent qui sent bon les seventies. OULA ça baille dans le fond, « Allez ! La chronique qui nous fait le coup du revival ! ». Mais faites taire cet estropié bon sang ! On avait dit que les invités devaient toujours avoir un verre plein ! C’est bon ? On peut continuer ?
Ce disque c’est un peu une grande fête avec tous les plus grands buveurs d’eau des seventies. Alors, mon garçon, tu trouveras là, pêle mêle, les Stooges en train de resservir du gras de jambon au bon vieux Morrison qui danse au milieu des sunlights pour évacuer les calories. Et évidemment, au coeur de cette faune respectée, pas mal d’originaux, de marginaux, des inconnus au bataillon qui apportent leur petite touche de fraicheur à la fête en décollant le papier peint.
Au programme des réjouissances et jusqu’à la fin de la night, des riffs fuzzy entre psychédélisme et delta blues, une danse chamane qu’on exécute un peu bourré après avoir craché des glaires épais.
Le riff de basse de « Bonneville » arrive comme un point d’interrogation au milieu du bordel : une question mais aussi un regard félin entre deux portes de voitures. Miaou, même le plus moustachu des bikers adoptera ce disque : je suis prêt à parier qu’il laissera ses bottes à l’entrée…pour ne pas les salir évidemment.
Alors je te fais grâce de la description des autres pépites, tu vibreras toi-même quand ça entrera dans tes oreilles. Mais s’il faut que tu plonges dans la piscine directement sans mouiller ton petit cou fragile, je te conseille d’écouter « Pauline » le sixième morceau du disque : tu auras enfin une vraie raison de sentir la sueur et le mal seché, et ça c’est garanti !