Aussi fou que celà puisse paraitre, mon premier rendez-vous avec l’Ombre du 8 était acoustique. Lors des battles du TNT Festival de 2013, j’ai découvert ce groupe à l’ambiance singulière. C’est avec curiosité que j’ai écouté aujourd’hui leur premier effort électrique, qui a vu le jour en partie grâce à un crowdfunding promptement mené.
Du rock chanté en Français. Je vous vois venir, avec vos gros sabots : “Ah bah c’est du Noir Désir”. Et bien non, triple con. On retrouve effectivement une petite filiation dans la voix torturée, mais ce serait réducteur que de résumer l’Ombre du 8 à une pâle copie de Bertrand Cantat et son orchestre. L’intelligence du trio aura été de ressembler à tout sans ressembler à rien : des ambiances qu’on croirait venues du Post-Rock de Mogwai époque Rock Action, mené par un batteur au jeu efficace et intelligent (qui aurait mérité d’être un peu plus mis en avant sur l’album) , des sonorités Stoner dans les sons de gratte et les tempos posés, et un phrasé particulier, étonnant, déroutant, mais terriblement accrocheur.
49 minutes. C’est le temps qu’il vous faudra pour écouter Au-Delà Sont Les Récifs. Mais il vous faudra plus de 49 minutes pour l’apprivoiser, pour le comprendre, pour l’apprécier à sa juste valeur. Car là est la principale force de l’album. Il pousse à la réécoute perpétuelle pour saisir le moindre son, la moindre note. Quand, en plus, l’album est très bon, on ne peut pas résister aux chants des sirènes.
« Au-Delà sont les récifs » est le premier album de l’Ombre du 8, et, vu le résultat fourni, on ne peut qu’espérer voir d’autres productions du groupe.