« C’est quoi cette fois-ci ? De la surf music sous acide ? » C’est ce que semblait articuler assez solennellement mademoiselle W. tandis que j’écrivais cette chronique du dernier disque de Marc DeMarco. Comme je savais qu’elle finirait par la lire en cachette, j’évitais tout commentaire.
En regardant par la fenêtre et tandis que Marco chantait « Let my baby stay », je me plaisais à imaginer un genre de Lou Reed optimiste, jeune et fringuant, sirotant une grenadine qui clignotait sous le soleil. Peut être était-elle capable de lire dans mes pensées car j’entendis à ce moment Mademoiselle W. qui riait comme un merle à qui on aurait arraché les plumes !
« Il n’y a pas que du Lou Reed, enfin pas seulement ! » Le chat qui d’habitude restait tranquille dans un coin du salon avait grimpé sur mon épaule et s’était mis à parler. Il semblait très sérieux et commençait même à bourrer une pipe avec détermination. Il l’alluma et c’est aux alentours de « Blue Boy » et entre deux volutes de fumée qu’il annonçait avec aplomb « On remarque aisément que les exotismes excentriques du jeune Connan Mockasin ne sont pas complètement étranger à la musique de Mac DeMarco. » Le félin était décidément mélomane.
Alors, tandis que je me perdais dans la contemplation des sacs poubelles éventrés qui s’amoncelaient devant ma porte pour accueillir l’huissier, mon aristocrate de chat ajouta : « Il y a quelque chose d’étrangement charmant dans ce disque, comme une nostalgie du futur, un genre de nouveauté délicieusement désuète ». Je me levai et déposai le chat face au clavier en espérant qu’il écrive cette foutu critique à ma place.
Après une éternité qui dura cinq minutes et une cigarette, je constatais combien il était agréable d’entendre que la musique psychédélique pouvait encore aller chercher, fouiller dans ses origines et évoluer sans se reproduire à l’identique. Comme je trouvais cette pensée digne de celle du félin, je courais devant l’ordinateur pour la retranscrire telle quelle. Le chat était toujours là, face à l’écran mais la pipe avait disparu. Je supposais à son « osjglsgolqmsksqgmlsqzqeiozeoisdgklsdglnsdglsdkldsg » qu’il avait effrontément piétiné mon clavier.
J’ai finalement pu écrire quelque chose de convenable pour parler de ce disque :
« Salad Days se déguste frais, au soleil en plein été. Mangez-en à volonté, ça affine les tympans et ça fait miauler les matous. »