Pour la dernière partie du triptyque Crack The Skye, on va abandonner l’objectivité pour parler avec le coeur.
On a tous un lien sensible avec la musique. Quel que soit le style, le genre, la provenance, le groupe, l’artiste, il est rare de croiser quelqu’un pour qui la musique n’est pas importante. Il faut dire qu’elle est partout. Films, séries, publicités, sketches etc. Avec l’explosion du marché du streaming, il est de plus en plus facile d’écouter ce dont on a envie, ou bien de faire des découvertes.
C’est au final ce qui m’a poussé à lancer ce projet il y a maintenant 8 ans. Caché derrière ce côté « Critiques acides », le but était avant tout de partager mes écoutes, mes coups de coeurs et mes déceptions. Car rien n’est plus beau que de partager quelque chose avec des passionnés. Bien évidemment, tout n’est pas parfait, et je suis loin d’être à ce niveau, mais avec le temps, il y a eu une progression. Dans le style, l’écriture, les arguments mais aussi les groupes écoutés.
On évolue tous, normalement, avec l’âge. Nos goûts se transforment au fil des rencontres, du hasard et du temps. Ma rencontre avec Mastodon se fit en deux temps. Tout d’abord avec « Colony Of Birchmen » qui faisait partie de la tracklist de Rock Band 2, la licence concurrente de Guitar Hero. Ces deux jeux qui ont construit une grosse partie de mes bases musicales, comme pas mal de gens à cette époque. Mais c’est en juillet 2011 que le véritable coup de foudre est survenu.
Premier single issu de The Hunter, « Black Tongue » m’a vraiment marqué par son efficacité. L’album fut donc ma première écoute de Mastodon, et une des premières chroniques de ce site. Avec le recul, c’est un papier horrible, d’abord sorti sur le module « Articles » de Facebook. Faut bien débuter quelque part me direz-vous. A ce moment-là, je n’avais pas conscience des albums sortis précédemment. J’écoutais quelques chansons, sans plus.
Au fil des années, j’ai approfondi mes connaissances sur ce quatuor. Ils viennent d’Atlanta, ils ont pas mal évolué stylistiquement, leurs pochettes sont toujours magnifiques et ils ont une quadrilogie des éléments. On arrive en 2014, année pas fameuse sur le plan scolaire, mais qui nous aura permis d’avoir Once More Round The Sun. 6e album du groupe, il est dans la lignée de The Hunter au niveau d’une « simplicité » sonore, mais il reste assez intéressant dans ses compositions. Tant qu’on est dans les points communs, la chronique de OMRTS est nulle.
C’est aussi à partir de là que le personnage de forceur autour de Mastodon s’est créé. J’étais à fond dans ce que produisaient les quatre gus, et je n’hésitais pas à poster moults messages sur les réseaux sociaux pour en parler. Quand on est jeune et en manque d’attention, on tente par tous les moyens de se faire voir. 2014 a coïncidé avec mes premiers festivals grâce à Granny. Hellfest puis Main Square. C’est impressionnant quand on a à peine 20 ans de se retrouver dans ce milieu avec des gens expérimentés autour de soi. Mais ça apporte énormément. Du moins, ça permet une énorme bouffée d’air frais.
Parce que si avec Granny tout semble rouler, sur d’autres plans, c’est pas la joie. Au point de rentrer dans une immense dépression. Et bien que certains signes étaient présents les années précédentes, c’est bien aux alentours de 2015 et après qu’elle s’est le plus immiscée. Le but ici n’est pas que vous ressentiez de la pitié ou de la compassion, mais de vous expliquer le cheminement qui m’a fait tomber amoureux de Crack The Skye. Car la dépression est un sujet qui touche énormément de personnes, et je sais à quel point ça peut être destructeur.
La musique a toujours été une sorte de bouée de sauvetage quand ça n’allait pas bien, et sans trop savoir pourquoi, c’est Crack The Skye qui a été la plus importante. Bien évidemment, d’autres albums ont tourné dans mes oreilles, mais je suis revenu très souvent sur celui-ci, notamment 3 chansons.
« The Last Baron », titre qui ferme l’album et qui est une pièce de 13 minutes incroyable. La montée en puissance, les paroles, l’intensité, ce sont des choses qui m’ont touché. Puis ce fut « The Czar ». Un bijou de metal progressif. Avec notamment un passage qui m’a marqué, magnifiquement chanté par Brent Hinds.
Spiraling up through the crack in the sky
Leaving material world behind
I see your face in constellations
The martyr is ending his life for mine
Enfin, « Oblivion ». C’est peut-être mon morceau préféré de toute leur discographie. L’entièreté de la chanson est incroyable mais il y a une phrase qui résonne encore dans ma tête, et qui risque de finir sur ma peau.
How can I tell you that I’ve failed?
Tell you I failed
Parfois le destin vous envoie des signes. Au plus fort de ma remise en question, de mes doutes et de ma crise, cette phrase m’est restée. Je l’ai prise personnellement. C’était devenu une sorte de slogan de ma vie. « Comment leur dire que j’ai échoué ? ». Décevoir les gens, ses proches, sa famille, c’est quelque chose de dure à vivre.
En sortant du gouffre dans lequel j’étais, j’ai ouvert les yeux sur le reste de l’album. La chanson titre par exemple, qui est un monceau d’émotions et de souffrance. Et puis il y a l’histoire, ou plutôt les histoires, que j’ai tenté de vous raconter à travers la partie 1 et la partie 2 de cette trilogie. C’est avant tout près d’une heure d’un voyage qui va vous transporter de l’espace à la Russie. C’est un des albums marquants de la décennie, et même du metal au sens large du terme. Mais avant tout, c’est mon album préféré, mon radeau dans la tempête, et mon phare dans l’obscurité. Alors Brann, Brent, Bill et Troy, merci beaucoup. 10 ans ça passe vite, trop sûrement. Bon anniversaire.