100 itérations d’une série, c’est beaucoup. Pour certains, c’est un beau but que l’on peut être fier d’atteindre . Et pour celui-ci, voici le morceau d’entre tous les morceaux (selon moi).
En cette occasion unique du centième Music Monday, l’équipe de Granny Smith a décidé de vous présenter ses morceaux préférés. Si pour une partie de mes collègues le choix s’est avéré ardu, il n’en est rien pour moi, qui vante et chante depuis plus d’une décennie les louanges de la chanson concernée par cet article. Elle vient d’ailleurs d’avoir 15 ans il y a quelques semaines.
« World To Come », parue en 2005 sur l’album From Mars To Sirius de Gojira (accessoirement l’album que je place au-dessus de tout le reste de la création musicale), c’est 6mn52s de bonheur. Mais ce sont aussi quasiment sept minutes de repos, d’appréhension, de joie, de tension, et une multitude d’autres sensations, émotions que le quatuor français fait naitre en moi à chaque écoute. Ceci est fait grâce à deux parties assez distinctes, chacune explorant une facette différente du groupe.
L’ouverture de la face D de l’album se fait avec un arpège quiet de quatre notes répétées par Christian Andreu pendant autant de minutes. Les instruments arrivent les uns après les autres, leur intensité monte en crescendo, et la voie de Joe Duplantier alterne entre scream et chant apaisé. La mélodie qu’il joue avec la seconde guitare est très accrocheuse bien que mélancolique, comme regardant vers un passé qui nous manquerait presque. Son frère Mario quant à lui déploie au fur et à mesure son jeu, utilisant de plus en plus les cymbales pour remplir l’espace.
Mais la star de ces 240 premières secondes, c’est la ligne de basse de Jean-Michel Labadie. Si elle reste en retrait jusqu’au second couplet, accompagnant simplement la base de la mélodie, la quatre corde du musicien se déchaîne dans les oreilles de l’auditeur quand Joe entame sa deuxième strophe. Il m’est impossible de la décrire tant elle coche toute mes cases du plaisir auditif. Sachez juste que j’adore autant l’écouter que la jouer, la seconde option me faisant rentrer en trance à chaque fois.
Si la première partie était plutôt calme et reposante, la seconde est beaucoup plus tendue, les guitares devenant saturées et le scream de Joe plus énervé, presque colérique. De la même manière que l’arpège rythmait le début de « World To Come », un seul riff couvrira la dernière moitié. là aussi l’intensité grimpe jusqu’au final se terminant sur des accords de guitare qui deviennent plus positifs, comme envisageant un futur plus radieux.
A la lecture de ces paragraphes, vous pouvez vous demander à raison pourquoi cette chanson se trouve au sommet de mon olympe musical. C’est un des morceaux les moins connus de From Mars To Sirius avec « Unicorn » et « In The Wilderness », il n’a été que très rarement joué en live (à mon grand regret) et s’éloigne sensiblement du death metal progressif caractéristique des landais.
La raison de cette préférence est parce qu’en plus des mélodies, des riffs et de cette sublime basse, il y a les paroles, qui m’ont épaulées pendant une période compliquée de ma vie. « World To Come » comme le reste des chansons de Gojira reste ouverte à l’interprétation, c’est le souhait de Joe. Mais dans le premier sens de lecture les vers parlent d’un monde similaire mais différent du nôtre, un monde à venir. On y voit les lacs, des océans, des villes et des rivières d’une autre planète. Elle pourrait être rêvée, à des années-lumière ou dans un futur proche. Pour ma part, cette autre Terre était le futur que j’atteindrais après avoir dépassé l’année de troubles que je vivais au moment de la découverte de ce morceau. C’est surtout les paroles de la seconde moitié, où le chanteur demande qu’on lutte pour atteindre ce monde, qui m’ont motivé à traverser ces turbulences.
« World To Come », c’est tout. A chaque fois que je l’écoute tout seul, je gueule ses paroles. A chaque fois que je l’entends basse à la main, je suis libéré et je la joue à fond, je la vis. Et à chaque fois que je tombe dessus, j’arrête ce que je suis en train de faire pour pleinement l’apprécier comme la première fois, et comme pour toutes les prochaines. Chaque passage de ces 412 secondes est un moment d’apaisement en précédant un autre cette fois-ci de soulèvement et d’enthousiasme, duquel je ressors toujours de meilleure humeur qu’au début.
Merci Gojira.