La France est une Terre de l’excellence en ce qui concerne la musique électronique. Pas besoin de vous citer de noms, vous les connaissez tout autant que moi. Il y a quelques années, nos campagnes ont même encore prouvé leur superiorité avec l’effervescence de la synthwave. Alors quand un des pères fondateurs du genre sors un nouveau single, on se devait d’en parler dans ces colonnes.
2020 fut une année riche pour Franck Hueso, plus connu sous le pseudonyme de Carpenter Brut. Le producteur poitevin, bien qu’ayant souffert comme nous tous de la pandémie qui ravage encore le secteur de la culture en laissant nos salles de concert fermées et commençant à annuler tournées et festivals de 2021, nous avons plusieurs fois vu revenir le nom du Charpentier sur les lèvres en cette année maudite. Cela commençait au début du calendrier avec la promotion de Blood Machines, le court métrage réalisé par le duo Seth Ickerman dont notre ami a intégralement produit la bande son, un premier pas dans l’univers de la composition musicale pour le grand écran. Puis c’est avec la livraison en version studio de la cover de Michael Sembello, « Maniac », chanson dont il a l’habitude de finir ses concerts avec et qui est désormais indissociable de son répertoire. Dans la foulée de ces sorties, il en a aussi profité pour officiellement annoncer le prochain opus de sa discographie, Leather Terror, pour 2021. C’est donc en toute logique que sors le premier single pour ce futur disque : « Fab Tool »
Un single aux accents bien différents que ce que Franck a pour habitude de nous produire. Fruit, d’une collaboration entre David Eugene Edwards au chant (fondateur de 16 Horsepower, groupe de country alternative et tête pensante de Wovenhand, projet de dark folk fortemment recommandable) et Dehn Sora pour les visuels (artiste plasticien réputé dans la scène extrême française, notamment pour le groupe de sludge black metal Throane), il en sors une ambiance plus pesante et grandiose de ce titre. Beaucoup moins festive et dansante, on sent que le travail sur Blood Machines a plu à notre ami poitevin et cherche a continuer dans cette direction plus cinématographique, ou les atmosphères sont maîtres du voyage plutôt que de chercher à faire bouger le public.
Pourtant la qualité est toujours indéniable, les synthés sont ici utilisés pour créer un univers unique, mélange de mélancholie et de ténèbres insondables, la voix de David Eugene Edwards apporte une couche supplémentaire dans cette atmosphère de fin du monde à la croisée entre Blade Runner et Mad Max dépeint par le clip de Dehn Sora, sa pâte immédiatement reconnaissable ne nous fait pas regretter le départ de Seth Ickerman du projet. Un trio de force qui forment une mixture cohérence, comme un hymne à la fin du monde et l’apocalypse qui s’en suit, les ambiances dépeintes sonnes comme si Sisters Of Mercy avait assemblé ses forces avec Wovenhand dans un projet de bande son d’un film de science fiction. C’est encore un nouveau tour de force pour Carpenter Brut, même si il sort de ces carquants habituels de la darksynth dont il fut lui même le fer de lance, il continue à évoluer dans des terrains moins exceptés de sa part, mais sans pour autant enlever une quelconque qualité. Une chanson inattendue, mais qui s’avère au final être une excellente surprise.
Si ce single ne devait prouver qu’une seule chose, c’est que le Charpentier est de retour et ce sera dans des niveaux plus majestueux. Rendez vous en 2021 pour la suite de cette aventure qui commence sur les chapeaux de roue.